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République Algérienne Démocratique et
Populaire
Ministère de l’Aménagement du Territoire
et de l’Environnement
Plan National d’Actions
pour l’Environnement
et le Développement Durable
(
PNAE-DD )
Janvier 2002
- ii -
REMERCIEMENTS
Le Plan d’Actions National pour l’Environnement et le Développement Durable
(PNAE-DD), qui s’inscrit dans une démarche programmatique décennale, a été élabo-
ré grâce à la généreuse contribution de la Commission Européenne à travers son pro-
gramme EC-LIFE et au programme METAP administré par la Banque Mondiale.
La préparation du PNAE-DD a été rendue possible grâce à l’excellent esprit de coopé-
ration qui a animé les différentes équipes impliquées dans ce projet, au niveau du Mi-
nistère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, de la Banque Mon-
diale et de l’Office de Coopération Technique Allemande (GTZ).
La Banque Mondiale a coordonné l’ensemble des activités et du financement liés à la
préparation du PNAE-DD. Elle a joué un rôle déterminant dans le développement du
cadre méthodologique et apporté un soutien continu dans les domaines institutionnel
et juridique. Elle a enfin procédé à la révision et contribué à la restructuration du rap-
port final.
Le présent rapport et les rapports intermédiaires ont également bénéficié de l’apport
décisif des experts et de l’expérience de la GTZ, sous-traitant de la Banque Mondiale
pour fournir une assistance technique au Ministère de l’Aménagement du Territoire et
de l’Environnement.
Qu’ils trouvent ici, en mon nom et celui du Gouvernement Algérien, mes remercie-
ments les plus sincères.
Mes remerciements vont également aux consultants algériens et étrangers, aux cadres
du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, à ceux des diffé-
rents départements ministériels et notamment ceux représentés au niveau du Comité
National de Suivi du Projet qui ont contribué, par les informations fournies, leurs ana-
lyses et leurs capacités de proposition, à l’élaboration de ce rapport.
Mes remerciements vont enfin aux universitaires, cadres d’entreprises et de bureaux
d’études, cadres d’agences et institutions environnementales diverses, représentants
d’associations écologiques, qui ont participé à maints débats au sein des ateliers de
concertation qui ont été organisés, et contribué ainsi à enrichir ce Plan d’Actions pour
les années à venir.
Le Ministre de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement
CHERIF RAHMANI
- iii -
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS II
SOMMAIRE III
PRÉAMBULE VI
ABRÉVIATIONS VII
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES X
RÉSUMÉ XI
A. Les faits xi
B. Les analyses xii
C. Les objectifs et actions prioritaires xiv
I. INTRODUCTION 24
A. Objectifs 24
B. Approche 25
II. ENJEUX ET DÉFIS 27
A. Trois décennies de developpement économique et social (1970-2000) 27
a. Un développement économique fondé sur une planification
centralisée (1970-1985) 27
b. Manifestation des faiblesses du système dès 1986 28
c. Les réformes économiques des années 90 30
B. Performance Environnementale 31
a. Crise économique – crise écologique: les facteurs explicatifs 31
b. Le cadre législatif et institutionnel 32
c. Le financement de la protection de l’environnement 34
C. Grands enjeux et défis 36
III. NATURE ET ÉTENDUE DES PROBLÈMES
ENVIRONNEMENTAUX 39
A. Introduction 39
B. Les prédispositions du territoire et du climat 39
C. Les terres 40
a. L’érosion hydrique 40
b. L’érosion éolienne 41
c. La salinisation 41
D. Les eaux douces 41
E. Les zones marines et côtières 43
a. La dégradation du littoral 43
b. La dégradation de la qualité des eaux marines 44
F. La biodiversité 44
G. Les forêts 45
H. L’écosystème steppique 46
I. L’écosystème saharien 47
- iv - J.
Les zones urbaines 48
a. La pollution des ressources en eau 48
b. Pollution croissante de l'air 50
c. La prolifération des déchets ménagers 51
K. Les zones industrielles 53
a. Les eaux usées industrielles 53
b. La pollution atmosphérique d’origine industrielle 54
c. Les déchets spéciaux 54
L. Patrimoine archéologique et hIstorIque menacé 55
M. Les problèmes globaux 57
IV. IMPACTS ÉCONOMIQUES DES PROBLÈMES
ENVIRONNEMENTAUX 59
A. Introduction 59
B. Cadre méthodologique 59
a. Approche par coûts des dommages et coûts de remplacement 59
b. Hypothèses principales 61
C. Estimation du Coût de la dégradation de l’environnement 62
a. Santé et qualité de vie 62
b. Capital naturel 63
c. Pertes économiques 65
d. Environnement global 66
D. Coûts de replacement 68
E. Analyse de priorités 69
a. Introduction 69
b. Rapports CDR/CDD et classement des priorités. 70
V. CADRE STRATÉGIQUE DÉCENNAL 2001-2011 72
A. Introduction 72
B. Les objectifs tratégiques 73
a. Améliorer la santé et la qualité de vie du citoyen 73
b. Conserver le capital naturel et améliorer sa productivité 74
c. Réduire les pertes économiques et améliorer la compétitivité 75
d. Protéger l’environnemental global 76
C D omaines et nature des interventions stratégiques 76
a. Pour améliorer la santé et la qualité de vie du citoyen 76
b. Pour conserver le capital naturel et améliorer sa productivité 81
c. Pour réduire les pertes économiques et améliorer la compétitivité 86
d. Pour protéger l’environnement global 86
D. Tableau récapitulatif de la stratégie environnementale 88
a. Santé et qualité de vie 88
c. Compétitivité et efficacité économique 89
d. Environnement global 90
VI. PLAN D’ACTIONS PRIORITAIRES 2001-2004 91
A. Actions à court et moyen terme 91
a. Santé et qualité de vie 92
b. Conservation et amélioration de la productivité du capital naturel 95
c. Compétitivité et efficacité économique 97
- v - d.
Environnement global 97
a. Santé et qualité de vie 99
b. Conservation et amélioration de la productivité du capital naturel 102
c. Compétitivité et efficacité économique 104
d. Environnement global 105
B. Plan de financement 106
a. La nécessaire approche réglementaire et ses limites 107
b. La tarification des ressources et la politique des prix 108
c. Le développement de la fiscalité environnementale 110
d. L’apport de la coopération internationale 112
D. Mise en œuvre, suivi et évaluation 113
a. Mise en œuvre d’une gouvernance environnementale 113
b. Coordination, suivi et évaluation du PNAE-DD aux différents
niveaux 115
E. Plan d’actions prioritaires à très court terme 116
VII. CONCLUSIONS 118
BIBLIOGRAPHIE 129
ANNEXE 1 136
ANNEXE 2 139
- vi -
PRÉAMBULE
Le Gouvernement algérien s’est engagé, dans le cadre du premier Rapport National
sur l’État et l’Avenir de l’Environnement (RNE 2000), à préparer une Stratégie Natio-
nale de l’Environnement et un Plan National d’actions pour l’environnement et le dé-
veloppement durable (PNAE-DD).
Une unité d’exécution du projet a été installée au sein du Ministère de l’Aménagement
du Territoire et de l’Environnement. Un Comité National de Suivi du projet, constitué
des représentants des départements ministériels, ayant à des degrés divers des respon-
sabilités environnementales, a également été mis en place. Un atelier de lancement du
PNAE-DD a été organisé avec la participation des départements ministériels,
d’agences et institutions environnementales, d’entreprises et bureaux d’études,
d’universités et centres de recherche ainsi que d’associations écologiques.
Une équipe de consultants algériens a préparé des documents de référence en matière
de pollution industrielle et urbaine, de pollution atmosphérique, de ressources hydri-
ques, de ressources naturelles, de gestion des zones côtières, de patrimoine archéolo-
gique et historique, de santé publique, et d’aspects institutionnels et juridiques.
Le Rapport National sur l’État et l’Avenir de l’Environnement expose les facteurs de
vulnérabilité d’ordre physique et institutionnel et dresse l’état de l’environnement. Il
définit les grandes lignes d’une stratégie nationale de l’environnement en cohérence
avec les priorités socio-économiques du pays, et propose un programme d’urgence. Le
RNE 2000 a été adopté par le Conseil des Ministres du 12 août 2001.
D’importants investissements environnementaux ont également été consentis par le
gouvernement dans le cadre du Plan Triennal de Relance Economique (2001-2004).
Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a également pré-
paré et diffusé un RNE – Grand public permettant aux acteurs socio-économiques et
aux citoyens de participer à un large débat organisé au niveau des communes, villes et
wilayas. Le débat, lancé officiellement le 12 mai 2001, est destiné à accroître la parti-
cipation de larges segments de la société pour une meilleure protection de
l’environnement et à développer l’éco-citoyenneté. D’importants séminaires interna-
tionaux ont également été organisés : « Gestion intégrée des déchets solides » (mars
2000), « Instruments économiques dans le domaine de l’environnement » (mai 2001),
« Environnement et pollution industrielle » (mai 2001). Le processus de consultations
ainsi conçu est destiné à être continué et renforcé au cours de la mise en œuvre des ac-
tions prioritaires et à la faveur de l’affinement de la stratégie décennale qui sous-tend
le PNAE-DD.
La version du PNAE-DD ici présentée est la version finale du programme d’action du
Gouvernement dans le domaine de l’environnement à court et moyen terme.
- vii -
ABREVIATIONS
AEP Approvisionnement en Eau Potable
AEPI Alimentation en Eau Potable et Industrielle
AGEP Agence Nationale de Gestion de l’Eau Potable
ALD Dinars algériens (notation internationale)
AME Accords Multilatéraux sur l’Environnement
ANAT Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire
ANB Agence Nationale des Barrages
ANID Agence Nationale de l’Irrigation et du Drainage
ANN Agence Nationale (de conservation) de la Nature
ANRH Agence Nationale des Ressources Hydrauliques
APEP Association de Protection de l'Environnement d'Annaba
APRUE Agence pour la Promotion et la Rationalisation de l’Utilisation
de l’Énergie
ARCE Association de Recherche sur le Climat et l'Environnement
AREA-ED Association de Réflexion, d'Echange et d'Action pour
l'Environement et le Développement
BAD Banque Africaine de Développement
BEI Banque Européenne d’Investissement
BHC Bureaux d’Hygiène Communaux
BID Banque Islamique de Développement
BIRD Banque Internationale de Reconstruction et de Développement
BM Banque Mondiale
BV Bassin Versant
CAP Contrôle sur l’état d’Avancement du Projet
CCCC Convention Cadre sur les Changements Climatiques
CDD Coût des Dommages
CDR Coût de Remplacement ou de Remédiation
CFC Chlorofluorocarbones
CHU Centre Hospitalo-Universitaire
CNERU Centre National d’Etude et de Recherche Urbaines
CNSP Conseil National de Suivi du Plan
CNTS Centre National des Technologies Spatiales
CNUED Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Dévelop-
pement Durable
CO Monoxyde de Carbone
CO
2 Dioxyde de Carbone
COV/VOC Composés Organiques Volatils / Volatile Organic Compounds
CPI Contrôle de la Pollution Industrielle
DALY Disability Adjusted Life Years /
Années d’incapacité du fait de la pollution de l’air ou de l’eau
DBO Demande Biologique en Oxygène
DCO Demande Chimique en Oxygène
DEM Deutsche Mark
DGE Direction Générale de l’Environnement
DGF Direction Générale des Forêts
DHW Directions de l’Hydraulique de Wilaya
- viii - DRS Défense et Restauration des Sols
EAC Exploitations Agricoles Collectives
EAI Exploitations Agricoles Industrielles
EIE Etude d’Impact sur l’Environnement
ENACTA Entreprise Nationale du Contrôle Technique Automobile
ENAD Entreprise Nationale des Détergents
ENIEM Entreprise Nationale des Industries Electroménagères
ENIP Entreprise Nationale des Industries Pétrochimiques
EPA Eau Potable et Assainissement
EPEOR Entreprise de Production d’Eau d’Oran
EPIC Établissement Public à caractère Industriel et Commercial
ERE Éducation Relative à l’Environnement
FEDEP Fonds National pour l’Environnement et la Dépollution
FEM Fonds Mondial pour l’Environnement
FIDA Fonds International pour le Développement Agricole
FNRDA Fonds National de Régulation et de Développement Agricole
FNUAP Fonds des Nations Unies pour la Population
FNMVTC Fonds National de Mise en Valeur des Terres par Concession
GES Gaz à Effet de Serre
GIPEC Groupe Industriel du Papier et de la Cellulose
GNL Gaz Naturel Liquéfié
GPL Gaz Propane Liquide
GTZ Office Allemand pour la Coopération Technique /
Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GmbH)
ha hectare
hab. habitant
HCDS Haut Commissariat au Développement de la Steppe
HCEDD Haut Conseil à l’Environnement et au Développement Durable
HCT Haut Commissariat au Tourisme
IDH Indicateur de Développement Humain
IG Inspection Générale
INSP Institut National de la Santé Publique
IWE Inspections de Wilaya de l’Environnement
kWh kilowattheure
MATE Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
MEDA Mediterranean Economic Development Area
MEDPOL Réseau de surveillance de la pollution marine en Méditerranée
mén. Ménage
METAP Programme Environnemental d’Assistance Technique pour la
Méditerranée
MO Matière Organique
MRE Ministère des Ressources en Eau
MTH Maladies à Transmission Hydrique
N Azote
NACE Nomenclature générale des Activités économiques des
Communautés Européennes
NO Monoxyde d’Azote
NO
x Oxyde d’Azote
NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
- ix - ODS Ordre De Service
OGM Organismes Génétiquement Modifiés
OMC Organisation Mondiale du Commerce
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
OPI Office des Périmètres Irrigués
PAM Plan d’Aménagement Côtier
PEC Programmes sectoriels en cours
PER Prestations Ecologiques Requises
PIB Produit Intérieur Brut
PME Petites et Moyennes Entreprises
PMH Petite et Moyenne Hydraulique
PMI Petites et Moyennes Industries
PNAE-DD Plan National d’Actions pour l’Environnement et le
Développement Durable
PNR Plan National de Reforestation
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l’Environnement
PO Plan d’Opération
POS Plan d’Occupation des Sols
q quintal
RAP Rapport sur l’état d’Avancement du Projet
RIDE Recueil d’Informations et de Données Environnementales
RNE Rapport National sur l’état et l’avenir de l’Environnement
S&E Système de Suivi et d’Évaluation
SAO Substances Appauvrissant la Couche d’Ozone
SAU Surface Agricole Utile
SHNAN Société d'Histoire Naturelle de l'Afrique du Nord
SIE Système d’Information Environnemental
SIG Systèmes d’Informations Géographiques
SNAL Schéma National d’Aménagement du Littoral
SNAT Schéma National d’Aménagement du Territoire
SNE Stratégie Nationale de l’Environnement
SO
2 Dioxyde de soufre
SPP Schéma de Planification de Projet
STEP Station d’épuration des eaux usées
t tonne
UE Union Européenne
UF Unité Fourragère
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO/BIE Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la
Culture / Bureau International de l’Éducation
USD Dollars des Etats-Unis (notation internationale)
VET Valeur Économique Totale
ZDD Zones de Développement Durable
- x -
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
Tableaux
Tableau 1 (Résumé) Actions prioritaires
Tableau 2.1 Les dépenses de protection de l’environnement en pourcentage du PIB
Tableau 3.1 Superficies affectées par la désertification
Tableau 3.2 Maladies à transmission hydrique, 1992-1996 (‰)
Tableau 3.3 Nombre de cas liés à la morbidité respiratoire et mortalité
Tableau 4.1 Impact de la dégradation environnementale sur la santé et la qualité
de vie
Tableau 4.2 Impact de la dégradation environnementale sur le capital naturel
Tableau 4.3 Pertes économiques liées à la dégradation de l’environnement
Tableau 4.4 Vue d’ensemble des coûts des dommages
Tableau 4.5 Coûts de remplacement par catégorie économique
Tableau 4.6 Coûts de remplacement par secteur environnemental
Tableau 4.7 Classement par catégorie économique
Tableau 4.8 Classement par secteur environnemental
Tableau 6.1 Le principe du pollueur payeur est déjà en voie d’application
Tableau 6.2 Coopération Internationale
Tableau 6.3 Mise en place d’une gouvernance environnementale à plusieurs
niveaux
Tableau A2-1 Coûts des dommages
Tableau A2-2 Coûts de remplacement
Tableau A2-3 Réduction de DALYs suite à un meilleur accès à l’eau potable et à
l’assainissement
Figures
Figure 4.1 Coûts des dommages par secteur environnemental en % du PIB
Figure 4.2 Coûts des dommages par catégorie économique en % du PIB
Figure 6.1 Schéma cumulatif suggérant le financement des actions dans le temps
Figure A2-1 Coûts des dommages / Coûts de remplacement (CDD/CDR) par
catégorie économique
Figure A2-2 Coûts des dommages par secteurs environnementaux
(Bénéfices potentiels)
Figure A2-3 Coûts de remplacement par secteurs environnementaux
Figure A2-4 CDD/CDR par secteurs environnementaux
Figure A2-5 Coûts des dommages par secteurs environnementaux (détail)
- xi -
RÉSUME
A. LES FAITS
1. L’Algérie se trouve dans une
phase de « transition environnemen-
tale » concomitante à celle de sa
« transition économique ». Les enjeux
et défis qui se présentent à l’Algérie,
de même que la nature et l’étendue des
problèmes environnementaux rencon-
trés montrent clairement que la dégra-
dation écologique du pays, notamment
en ce qui concerne le capital naturel
(dont une partie n’est pas renouvela-
ble), a atteint un niveau de gravité qui
risque non seulement de compromettre
une bonne partie des acquis économi-
ques et sociaux des trois dernières dé-
cennies, mais également de limiter les
possibilités de gains de bien-être des
générations futures.
2. L’analyse et le processus de
préparation du PNAE-DD ont égale-
ment montré que l’ampleur des pro-
blèmes écologiques était étroitement
liée au processus de développement
économique et social du pays. Malgré
des richesses naturelles appréciables et
des investissements massifs dans le
développement du capital physique et
humain, il est évident aujourd’hui que
les causes principales de la crise éco-
logique sévère que vit l’Algérie sont
fondamentalement d’ordre institution-
nel et sont étroitement liées à la ca-
rence des politiques et programmes du passé, notamment dans les domaines
de la rationalisation de l’utilisation des
ressources naturelles; de l’aménage-
ment du territoire; de l’efficacité et de
la transparence des dépenses publi-
ques; des systèmes d’incitations, de
prix et des instruments économiques ;
de la sensibilisation et de l’association
des populations et des usagers aux
processus décisionnels; de la participa-
tion du secteur privé; de la capacité des
institutions environnementales et de la
capacité de coordination intersecto-
rielle; et de la qualité de la gouver-
nance des institutions publiques.
3. Par conséquent, les solutions à
apporter à ces problèmes doivent né-
cessairement avoir un ancrage dans les
réformes économiques et institution-
nelles en cours du pays. La libéralisa-
tion de l’économie, entamée depuis le
milieu des années 80, a visé à déman-
teler le système rigide d’économie ad-
ministrée: les réformes importantes ont
visé la fiscalité et les prix, la libéralisa-
tion des échanges internationaux, la
parité du dinar, la suppression des sub-
ventions ainsi que des mesures visant à
attirer l’investissement étranger.
4. A elles seules, toutes ces me-
sures, menées à bien, produiront des
effets écologiques positifs considéra-
bles; elles doivent être jugées dans leur
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xii - ensemble comme le premier pan de la
stratégie nationale de l’environnement.
Cependant, l’approfondissement et le
caractère durable de ces effets nécessi-
tent, en plus, que la stratégie de
l’environnement définisse des objectifs
de qualité ainsi que le type et la nature
des interventions environnementales à
mettre en œuvre en tant qu’élément
fondamental de la stratégie et des plans
d’actions nationaux pour le dévelop-
pement économique et social.
5. L’Algérie a décidé d’investir
dans le développement durable. Ceci
constitue le principe fondamental de la
stratégie de l’environnement et du
PNAE-DD et signifie que l’Algérie
entend donner une place prépondérante
aux aspects sociaux et écologiques
dans ses choix de modèles de société et
de développement économique, et
rompre par conséquent de manière
irréversible avec les politiques et mé-
thodes des trois dernières décennies.
B. LES ANALYSES
6. Pour donner un contenu tan-
gible et opérationaliser le principe du
développement durable, l’analyse dé-
taillée des problèmes écologiques
entreprise dans le cadre de la prépa-
ration du PNAE-DD (nature, étendue,
coûts socio-économiques et analyse
des priorités) a permis de mettre en
évidence quatre objectifs stratégiques
de qualité, en étroite liaison avec le
programme de réformes économiques
en cours: l’amélioration de la santé et
de la qualité de vie; la conservation et
l’amélioration de la productivité du
capital naturel; la réduction des pertes
économiques et l’amélioration de la
compétitivité; enfin, la protection de
l’environnement régional et global.
7. La mise en œuvre durant près
de trois décennies de l’option de déve-
loppement fondée sur la planification
centralisée de même que
l’intensification de l’exploitation des
ressources naturelles ont certes permis
d’améliorer la qualité de vie des ci-
toyens, mais au prix de déséquilibres
écologiques importants qui menacent
le développement futur du pays.
8. Le recensement des problèmes
fait apparaître:
des ressources en eau limitées
et de faible qualité: la situation
s'explique par une politique
reposant exclusivement sur
l’offre; une gestion de la de-
mande non favorisée par une
tarification adaptée; une ges-
tion irrationnelle des infras-
tructures engendrant d’impor-
tantes déperditions de res-
sources (taux de fuite de
l’ordre de 50 %); le rejet de
quantités abondantes d’eaux
usées non traitées. Le pro-
blème de l’allocation des res-
sources (disponibilité estimée
à 383 m
3/hab./an), aggravé par
celui de leur qualité (taux
d’épuration quasiment nul et
absence de régulation crédi-
ble), laisse envisager une
grave crise de l’eau;
des ressources en sols et en
couvert végétal en dégradation
constante: les pratiques cultu-
rales, les facteurs naturels
(érosion hydrique et éolienne,
sécheresse récurrente) n’expli-
quent qu’en partie la perte
substantielle de terres produc-
tives et l’extension de la déser-
tification; une politique agri-
cole inadaptée et déconnectée
de la politique rurale,
l’absence de droits de proprié-
té et/ou d’usage clairs,
RÉSUME
- xiii - l’incohérence de la politique
foncière, et un développement
urbain et industriel sans
« garde-fous » n’ont pas favo-
risé l’investissement visant à
la conservation des ressources
naturelles. En conséquence,
l’érosion affecte ou menace
douze (12) millions d’hectares
dans les zones montagneuses,
la forêt a reculé d’un (01) mil-
lion d’hectares entre 1955 et
1997 et huit (08) millions
d’hectares de steppes sont dé-
sertifiés ou sensibles à la dé-
sertification; plus graves en-
core, mais mal cernées, les
conséquences néfastes sur les
fonctions et services écologi-
ques liées à ces déperditions
sont difficiles à estimer.
une frange côtière en dégrada-
tion: l’explosion démographi-
que (triplement de la popula-
tion depuis 1962), une urbani-
sation accélérée (31 % de la
population en 1966; près de
60 % en l’an 2000), une politi-
que de développement qui a
privilégié les sites faciles à
aménager dans la zone littorale
sans considérations environ-
nementales ont conduit à la
dégradation de la frange cô-
tière, d’un patrimoine naturel
côtier unique et de
l’écosystème marin;
des pollutions industrielles et
urbaines en progression sont à
l’origine de sérieux problèmes
de santé publique; les eaux
usées domestiques, les sec-
teurs du transport, de
l’industrie et de l’énergie à
travers l’utilisation notamment
de l’essence plombée et du
diesel, et les émissions de par-
ticules et de dioxyde de soufre et autres poussières dans cer-
taines activités industrielles en
sont les principales causes. Si
la collecte des déchets urbains
est plus ou moins bien réali-
sée, l’absence de décharges
contrôlées et l’insuffisance des
aires affectées au dépôt des
déchets sont à l’origine de
nombreuses nuisances. Les
déchets industriels dangereux
ne sont pas encore soumis à
traitement et restent stockés de
manière rudimentaire;
un cadre institutionnel et juri-
dique déficient: les problèmes
environnementaux sont aggra-
vés par des mécanismes ré-
glementaires fragmentés et peu
appliqués et de faibles moyens
d’exercice de la puissance pu-
blique. Bien que le pays ait fait
des progrès en créant un Mi-
nistère de l’Aménagement du
Territoire et de l’Environne-
ment et en préparant et pro-
mulguant des textes législatifs
et réglementaires, les institu-
tions environnementales res-
tent sous-encadrées et sous-
financées et ne disposent pas
encore de la crédibilité et du
pouvoir nécessaires à
l’exécution convenable de
leurs missions. Les moyens de
surveillance et de suivi de la
qualité des écosystèmes restent
très limités. Les liens intersec-
toriels entre départements mi-
nistériels et institutions envi-
ronnementales sont lâches. Le
rôle de la société civile est
marginal.
9. Ces problèmes environnemen-
taux ont des impacts négatifs non seu-
lement sur l’activité et l’efficacité éco-
nomique, mais également sur la santé
et la qualité de vie de la population, et
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xiv - sur la résilience et la durabilité du
capital naturel du pays. Une analyse
des impacts socio-économiques liés à
la dégradation de l’environnement a
été effectuée dans le cadre de la
préparation du PNAE-DD. Ce genre
d’analyse économique, entrepris pour
la première fois en Algérie, a déjà
permis aux autorités
environnementales de focaliser
l’attention du gouvernement et des
autorités financières sur les coûts
sociaux et l’impact budgétaire résul-
tant de « négligences environnementa-
les ». Vu les difficultés liées à
l’estimation de certains impacts, ainsi
que le manque de données fiables et
systématiques, il est important de noter
que les résultats de l’analyse consti-
tuent un point d’ancrage nouveau et
doivent être considérés comme des or-
dres de grandeur, appelés à être affi-
nés et complétés dans le futur.
10. L’analyse a permis d’estimer
d’une part le coût « social » des dom-
mages liés à la dégradation de
l’environnement, et d’autre part le coût
de « remplacement » destiné à atténuer
ce coût social. Le coût des dommages
donne une idée des avantages « per-
dus » suite à un manque d’actions en-
vironnementales. Ce coût ainsi évalué
est de l’ordre de 5 % à 7 % du PIB al-
gérien
1 (lié, par ordre de sévérité, à la
dégradation des ressources naturelles,
la gestion inefficace de l’énergie et des
matières premières, la dégradation du
littoral et du patrimoine archéologique,
et la gestion des déchets domestiques
et industriels). Les coûts de remplace-
ment, de leur côté, fournissent une es-
timation des investissements nécessai-
res pour restaurer (ou maintenir) un
environnent d’une qualité acceptable
pour la société. Ainsi évalués, les coûts
de remplacement ont été estimés à
2,5% à 3% du PIB algérien (hors coûts
liés à l’environnement global).
1 1998 ayant été utilisée comme année de référence.
11. En comparant les coûts des
dommages et les coûts de remplace-
ment, sous forme de ratios indiquant
l’efficacité relative de différentes me-
sures
2, il a été possible de guider la
préparation de la stratégie environne-
mentale et des actions prioritaires.
Ainsi résulte le classement suivant par
ordre d’efficacité décroissante: gestion
inefficace de l’énergie et des matières
premières, pollution de l’air et de
l’eau, dégradation des sols, des forêts
et de la biodiversité, déchets, et enfin
dégradation du littoral et du patrimoine
archéologique. Il est très important de
noter que ce classement, reposant sur
une notion de rentabilité économique,
ne représente qu’un des critères utilisés
pour déterminer les priorités
d’intervention du PNAE-DD. Des cri-
tères d’ordre politique et social ont
également été appliqués.
C. LES OBJECTIFS ET
ACTIONS PRIORITAIRES
12. Les leçons tirées des analyses
démontrent clairement que l’étendue et
la gravité des problèmes environne-
mentaux en Algérie affectent:
la santé et la qualité de vie de
la population,
la productivité et la durabilité
du capital naturel,
l’efficacité de l’utilisation des
ressources et la compétitivité
de l’économie en général et
l’environnement global.
13. Par conséquent, ces quatre ca-
tégories servent d’objectifs stratégi-
ques de qualité aux actions préconi-
sées.
2 Ce ratio mesure les coûts sociaux enrayés (ou béné-
fices escomptés) par unité d’investissements.
RÉSUME
- xv - 14. Les objectifs nationaux de la
stratégie environnementale sont donc
les suivants (résultats attendus à
moyen et long termes):
Améliorer la Santé et la Quali-
té de vie du citoyen
améliorer l’accès des ci-
toyens aux services d’ali-
mentation en eau potable
en mettant l’accent sur la
gestion intégrée de la res-
source (gestion de l’offre,
de la demande et de la
conservation de la res-
source), l’intégration de
technologies qui augmen-
tent l’efficacité de son uti-
lisation;
améliorer le service public
de l’assainissement, gérer
rationnellement les sta-
tions d’épuration, déve-
lopper les services d’assai-
nissement en milieu rural;
améliorer la qualité de l’air
dans les grandes villes
(élimination de l’essence
plombée, promotion du
GPL-carburant, améliora-
tion de la qualité du diesel)
et aux abords des zones
industrielles;
combattre la pollution aux
points chauds industriels
en introduisant les contrats
de performance environ-
nementale;
diminuer la production de
déchets et introduire leur
gestion intégrée;
développer la gestion envi-
ronnementale des villes,
développer les espaces
verts, protéger le patri-
moine culturel.
Conserver le Capital naturel et
améliorer sa productivité promouvoir une agri-
culture durable à travers
une production agricole à
haute valeur ajoutée, le
développement du com-
merce et l’amélioration du
taux de couverture des im-
portations par les exporta-
tions;
développer une politique
rurale afin d’augmenter le
nombre d’emplois, les ex-
portations et garantir la
conservation des ressour-
ces,
adopter des technologies
de production adaptées,
gérer de manière ration-
nelle les eaux d’irrigation,
développer des directives
opérationnelles pour la ré-
utilisation des eaux épu-
rées dans le domaine agri-
cole;
contrôler la pollution d’o-
rigine agrochimique,
améliorer les systèmes de
gestion des sols afin de
diminuer l’empiétement;
augmenter la couverture
forestière et le nombre de
zones protégées;
enrayer la désertification
par l’introduction d’un
système adapté de gestion
des parcours, protéger les
espaces oasiens en régle-
mentant les pompages et
en réhabilitant les sys-
tèmes d’irrigation tradi-
tionnels;
protéger les écosystèmes
fragiles avec une attention
particulière pour la biodi-
versité;
développer une stratégie de
gestion du littoral et intro-
duire des programmes
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xvi - coordonnés de prévention
de manière à combattre la
dégradation des zones cô-
tières.
Réduire les Pertes économi-
ques et améliorer la compétiti-
vité
rationaliser l’utilisation des
ressources en eau, l’usage
des ressources énergéti-
ques et l’utilisation des
matières premières dans
l’industrie;
augmenter le recyclage des
déchets (matières se-
condes) et la récupération
des matières premières;
améliorer la gestion envi-
ronnementale, la maîtrise
des coûts de production,
l’image de marque et la
valeur marchande des en-
treprises;
améliorer l’efficacité de
l’activité portuaire;
transformer (éventuelle-
ment fermer) les entrepri-
ses publiques les plus pol-
luantes et les moins via-
bles financièrement.
Protéger l’Environnement glo-
bal
augmenter la couverture
forestière, sa densité et sa
biodiversité;
augmenter le nombre
d’aires protégées, les zo-
nes humides et les zones
de développement durable
(aménagement intégré
agro-sylvo-pastoral);
protéger les oasis contre
les rejets domestiques et la
salinisation;
réduire les émissions de
gaz à effet de serre, no-tamment dans le secteur
de l’énergie;
éliminer l’utilisation des
substances appauvrissant
la couche d’ozone.
15. La réalisation de ces objectifs
nationaux repose sur la mise en œuvre
de mesures institutionnelles et d’ac-
compagnement ainsi que sur des in-
vestissements prioritaires.
Les mesures institutionnelles
sont particulièrement impor-
tantes et recouvrent divers as-
pects:
élaboration et mise en œu-
vre de lois (déchets, litto-
ral), adaptation d’autres
lois (environnement, urba-
nisme), application de lois
existantes (maîtrise de
l’énergie, eaux), clarifica-
tion des droits de propriété
et/ou d’usage des ressour-
ces naturelles;
renforcement des capacités
du MATE, des départe-
ments ministériels secto-
riels, des agences environ-
nementales, des villes, des
communes, des entreprises
et autres agents socio-
économiques pour plani-
fier et gérer des program-
mes d’actions environne-
mentales;
dans ce cadre, mise en
place d’un programme de
formation aux matières de
l’environnement;
renforcement du réseau de
surveillance et de suivi de
la qualité des écosystèmes
(air, eaux, sols) ainsi que
des capacités de contrôle
et d’exercice de la puis-
sance publique ;
RÉSUME
- xvii - adaptation des tarifs exis-
tants (eau, déchets, etc.) et
mise en place d’instru-
ments économiques de
gestion de l’environne-
ment (fiscalité environne-
mentale, institutions finan-
cières à l’instar du Fonds
de l’Environnement et de
la Dépollution – FEDEP).
Les mesures d’accompagne-
ment comprennent des campa-
gnes de sensibilisation et
d’éducation (effets des pollu-
tions sur la santé, hygiène,
etc.); la formulation d’un cadre
participatif pour associer les
populations locales, les rive-
rains et autres partenaires à la
gestion intégrée des ressources
en eau et autres ressources na-
turelles; le renforcement du
rôle des ONG et de la partici-
pation des femmes; la diffu-
sion de l’information; l’insti-
tutionnalisation d’un méca-
nisme permanent de coordi-
nation intersectorielle chargé
d'assurer la mise en œuvre ain-
si que le suivi et l'évaluation
régulière du PNAE-DD.
Des investissements ciblés re-
laient ces mesures, tant à long
terme (10 ans) qu’à court et
moyen terme (3-5 ans).
16. Le plan d’actions prioritaires
(dont une synthèse est fournie au Ta-
bleau 1 en fin de ce résumé) doit con-
tribuer à court et moyen terme aux
précédents objectifs stratégiques par la
mise en œuvre de mesures en appui du
programme gouvernemental de soutien
à la relance économique, mesures pour
lesquelles les conditions institutionnel-
les aptes à en garantir la crédibilité et
le succès sont bien avancées. Aux ac-
tions financées par ledit plan triennal
de relance viennent s’ajouter d’autres actions nécessaires dans différents
domaines. Au total, le coût estimé des
actions de court et moyen terme
s’élève à quelque 970 millions USD
sur trois ans (environ 320 millions
USD par an). Ce montant comprend 50
millions USD pour des activités de na-
ture institutionnelle et 920 millions
USD d’investissements. Il correspond
à un investissement annuel de 0,69%
du PIB de 1998 compte non tenu de
certaines actions et dépenses institu-
tionnelles en cours, et permettra de ré-
duire une partie des coûts de dégrada-
tion de l’environnement qui sont de 5 à
7% du PIB actuellement.
17. Le plan d’actions prioritai-
res à très court terme. Parmi les me-
sures nécessaires à la mise en œuvre
du plan d’actions à court et moyen
terme, les premières actions à engager
ont une valeur test; elles tiennent
compte de la capacité d’absorption des
institutions du pays en général et de
celles liées à l’environnement en parti-
culier, et sont de nature à asseoir la
crédibilité de l’ensemble du PNAE-
DD. Bien ciblées, ces actions permet-
tent d’introduire des méthodologies et
outils de protection nouveaux et effi-
caces pour lesquels l’environnement
institutionnel est propice, et de déclen-
cher une dynamique nouvelle. Elles
ont trait à:
des actions d’amélioration de
la gouvernance environne-
mentale (généralisation de la
formation, mise en place de
programmes de sensibilisation,
mise en œuvre des dispositions
relatives à l’environnement
stipulées dans la Loi de finan-
ces 2002, mise en place du
Fonds National de l’En-
vironnement et de la Dépollu-
tion (FEDEP);
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xviii - des actions pilotes d'accompa-
gnement de haute valeur dé-
monstrative dans les domaines
suivants: gestion intégrée des
déchets urbains, promotion de
l’utilisation de l’essence sans
plomb, amélioration de l’accès
des citoyens à l’eau potable,
amélioration du service public
de l’assainissement, dépollu-
tion des plages et revitalisation
des espaces ruraux. Ces ac-
tions combineront des pro-
grammes de formation, la mise
en œuvre d’instruments éco-
nomiques et financiers et
l’association du plus grand
nombre de partenaires. Avec
l’appui de partenaires étran-
gers et de la coopération inter-
nationale, elles sont sus-
ceptibles d'assurer au PNAE-
DD un démarrage favorable.
18. Financement du programme
d’actions prioritaires. Le finance-
ment du PNAE-DD exigera, d’une
part, de rationaliser les dépenses pu-
bliques environnementales afin de les
rendre plus efficaces et, d’autre part,
de mieux appliquer les instruments ré-
glementaires, d’avoir recours aux ins-
truments économiques et de dévelop-
per la fiscalité environnementale de
manière à rapprocher les dépenses de
ceux qui en sont à l’origine et alléger
ainsi la pression sur le budget de
l’État. La mise en œuvre rapide des
dispositions de la Loi de finances pour
l’année 2002, dont certaines sont très
favorables à l’environnement (revalo-
risation de la taxe d’enlèvement des
ordures ménagères et de la taxe sur les
activités polluantes, institution d’une
taxe additive sur la pollution atmos-
phérique, de taxes incitatives au dés-
tockage des déchets dangereux et hos-
pitaliers, etc.), jouera dans ce contexte un rôle déterminant.
19. La mise en œuvre du PNAE-
DD nécessite également un renforce-
ment de la gouvernance environne-
mentale aux différents niveaux d’o-
rientation, de décision et d’exécution
de la politique environnementale
(HCEDD, départements ministériels,
agences environnementales, wilayate,
communes, structures décentralisées,
entreprises, etc.) par des programmes
de formation et d’amélioration des ca-
pacités institutionnelles. L’association
du secteur privé pour promouvoir son
rôle de prestataire de services environ-
nementaux, la participation locale et
notamment celle des communautés po-
tentiellement bénéficiaires d’une
bonne gestion de l’environnement
(agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, etc.),
le renforcement du rôle de la société
civile et des ONG par des actions
d’information, de sensibilisation et
leur participation à la maturation des
projets locaux, tout cela revêt une im-
portance particulière pour mobiliser le
partenariat le plus large possible et as-
surer une exécution optimale du plan
d’actions.
20. L’organisation de la coordina-
tion, du suivi et de l’évaluation est es-
sentielle tant pour la mise en œuvre du
PNAE-DD que pour l'évaluation des
niveaux de réalisation et de perfor-
mance aux différentes échéances. Le
rôle du Comité Interministériel, ins-
tance de pilotage pour assurer ces dif-
férentes missions, et celui de l’Unité
d’Exécution du Projet (UEP), entité
permanente au sein du Ministère de
l’Aménagement du Territoire et de
l’Environnement chargée d'organiser
et de suivre sur le terrain la réalisation
des projets spécifiques, sont d’une im-
portance capitale.
RÉSUME
- xix - Tableau 1: Actions prioritaires à court et moyen terme
OBJECTIFS
STRATÉGIQUES MESURES INSTITUTIONNELLES ET
D’ACCOMPAGNEMENT INVESTISSEMENTS
A. Santé et qualité de vie
- Améliorer
l’accès des ci-
toyens à l’eau
potable - Poursuivre le programme relatif à la réhabilitation des ré-
seaux AEP
- Définir et mettre en application le système tarifaire
- Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote)
- Achever l’étude relative au plan national de l’eau (0,2 mil-
lion USD)
- Effectuer une étude d’évaluation des ressources en eau
dans les Hauts Plateaux (0.2 million USD)
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de
l’AEP (Agences de bassin, Algérienne des Eaux, commu-
nes) (2 millions USD)
- Apporter un appui à la mise en place des agences de bas-
sin (1 million USD)
- Réhabilitation des
réseaux de distribu-
tion d’eau potable
dans 10 villes (64
millions USD)*
- Expérience pilote de
gestion rationnelle
des ressources en eau
(système de comp-
tage, tarification,
économie,…) à El
Oued (5 millions
USD).
- Améliorer le
service public
de l’assainisse-
ment
- Poursuivre le programme relatif à la réhabilitation des sta-
tions d’épuration défectueuses
- Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote de
gestion de stations)
- Renforcer les capacités de gestion dans le domaine de
l’assainissement (Organisme National de
l’Assainissement, Communes) (2 millions USD)
- Réalisation de sta-
tions de lagunage (78
millions USD)*
- Réalisation de sta-
tions d’épuration
pour protéger l’Oued
Cheliff (82 millions
USD)
- Gérer rationnel-
lement les dé-
chets solides
ménagers et les
déchets spé-
ciaux
- Mettre en œuvre la Loi relative à la gestion des déchets
- Renforcer l’Agence Nationale des Déchets (1 million
USD)
- Mettre en œuvre les conclusions de l’étude nationale stra-
tégique de gestion des déchets urbains (1.25 millions
USD)*
- Mettre en œuvre les Plans Communaux de gestion des dé-
chets urbains.
- Mettre en œuvre un système efficace de recouvrement des
coûts
- Introduire un régime concessionnaire (expérience pilote)
- Poursuivre le programme arrêté pour la ville d’Alger
- Généraliser le programme de formation à l’intention des
communes et autres acteurs (0,5 million USD)
- Elaborer le Plan National de gestion des déchets spéciaux
(projet CPI)
- Élaborer une étude relative à la réutilisation des déchets
huileux et autres déchets en cimenteries (0,25 million
USD)
- Élaborer une étude relative à la gestion des déchets liés
aux activités de soins et renforcement des capacités à cet
effet (0,4 million USD)
- Éradication des dé-
charges sauvages et
introduction de la
pratique de la dé-
charge contrôlée
dans 21 villes (70,5
millions USD)*
- Appui à
l’introduction de dé-
charges contrôlées
dans 19 villes et ag-
glomérations du Sud
algérien (7 millions
USD)**
- Opérations pilotes de
collecte et de recy-
clage de déchets
d’emballage (2 mil-
lions USD)
- Réalisation d’un cen-
tre d’enfouissement
technique des dé-
chets spéciaux
(10,5
millions USD)
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xx - OBJECTIFS
STRATÉGIQUES MESURES INSTITUTIONNELLES ET
D’ACCOMPAGNEMENT INVESTISSEMENTS
A. Santé et qualité de vie
- Collecte des huiles
usagées (12 millions
USD)
- Conditionnement des
boues de raffinerie
(2,5 millions USD)
- Expérience pilote de
gestion de déchets
liés aux activités de
soins de santé (1 mil-
lion USD)
- Combattre la
pollution indus-
trielle
- Promulguer la Loi relative à la protection de
l’environnement
- Finaliser les décrets relatifs aux EIE, aux procédures
d’autocontrôle et d’auto-surveillance, aux normes de qua-
lité des différents milieux récepteurs
- Mettre en œuvre les contrats de performance environne-
mentale et les tester dans le cadre du projet CPI
- Élaborer des outils de gestion environnementale adaptés à
la petite et moyenne entreprise (0,3 million USD)
- Mettre en place le Fonds de l’Environnement et de Dépol-
lution (FEDEP)
- Renforcer la formation dans les entreprises et les PME à la
gestion environnementale (0,5 million USD)
- Mettre en place un Centre National des Technologies pro-
pres de l’Environnement (6,5 millions USD)
- Elimination des pol-
lutions aux points
chauds :
a) élimination de la
pollution par le SO
2
à l’unité
d’électrolyse de zinc
de Ghazaouet (24
millions USD)
b) traitement des pol-
lutions engendrées
par les unités du
Groupe Industriel du
Papier et de la Cellu-
lose (3 millions
USD).
c) Maizerie de
Maghnia (2 millions
USD).
d) Dépollution
d’unités polluantes
du bassin Hamiz-El
Harrach (15 millions
USD).
e) Dépollution
d’unités polluantes
dans l’agglomération
d’Alger (15 millions
USD)
.
- Améliorer la
qualité de l’air
urbain
- Mettre en œuvre les mesures de promotion fiscale des car-
burants les moins polluants
- Élaborer une étude relative aux économies d’énergie dans
le secteur industriel (0,5 million USD)
- Renforcer le réseau de surveillance épidémiologique (1,2
millions USD)
- Renforcer les capacités de contrôle technique des véhicu-
les (0,25 million USD).
- Généralisation de
l’utilisation de
l’essence sans plomb
(95-155 millions
USD) selon les op-
tions
- Promotion de
l’utilisation du GPL-
carburant (47 mil-
lions USD)
RÉSUME
- xxi - OBJECTIFS
STRATÉGIQUES MESURES INSTITUTIONNELLES ET
D’ACCOMPAGNEMENT INVESTISSEMENTS
A. Santé et qualité de vie
- Expérience pilote de
promotion du gaz na-
turel carburant (2
millions USD).
- Renforcer la
gouvernance
environnemen-
tale - Mettre en place le Conservatoire National des Métiers de
l’Environnement (2 millions USD)
- Mettre en place l’Observatoire National de
l’Environnement et du Développement Durable (5 mil-
lions USD)
- Mettre en place le Système d’Information Environnemen-
tale (2,5 millions USD)
- Réaliser un programme de sensibilisation environnemen-
tale (2 millions USD)
- Elaborer et mettre en œuvre la Charte Environnementale
Communale
.
- Autres Actions:
a/ Développer des
espaces verts
b/ Améliorer la ges-
tion du patrimoine
culturel - Adopter un cadre réglementaire relatif à la gestion des es-
paces verts
- Mettre en place une Ecole de paysagistes (0.5 million
USD)
- Vulgariser la notion d’espaces verts auprès des bureaux
d’études (0,2 million USD)
- Mettre en place une Ecole des Métiers du Patrimoine
Culturel (2 millions USD)
- Réalisation de parc
verts urbains (6 mil-
lions USD).
- Opérations pilotes de
verdissement (2 mil-
lions USD).
- Restauration des si-
tes et monuments
historiques de la Val-
lée du M’zab (2,5
millions USD)*
- Protection et mise en
valeur de l’ensemble
Timgad, Vallée de
l’Oued El-Abiod,
Gorges du Ghoufi (5
millions USD)
- Réhabilitation et res-
tauration de la Cas-
bah d’Alger (5 mil-
lions USD).
- Protection des vesti-
ges archéologiques
de Tipaza (2.5 mil-
lions USD).
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- xxii - OBJECTIFS
STRATÉGIQUES MESURES INSTITUTIONNELLES ET
D’ACCOMPAGNEMENT INVESTISSEMENTS
B. Conservation et Amélioration de la Productivité du Capital Naturel
- Améliorer la
gestion des sols
et lutter contre
la désertifica-
tion - Élaborer des scénarii (variantes) à même de solutionner
les problèmes fonciers
- Poursuivre la politique d’ouverture du domaine de l’État à
la concession (programmes d’arboriculture fruitière)
- Réviser le code pastoral
- Réserver le régime concessionnaire (arboriculture, cultu-
res fourragères et céréalières) uniquement aux zones favo-
rables en sols et eau dans la steppe
- Elaborer un Schéma Directeur de Conservation, de Dé-
fense, de
Restauration des Sols et de Lutte contre la Déser-
tification (0.4 millions USD).
- Élaborer une étude relative aux relations entre la producti-
vité des ressources naturelles, l’exode rural et la pauvreté
(0,5 million USD)
- Poursuivre le programme en cours relatif à l’emploi rural
- Traitement anti-
érosif dans sept sous-
bassins versants (73
millions USD)*
- Traitement anti-
érosif du Bassin
Oued Melah-Zahrez
(3 millions USD).
- Extension du pro-
gramme « emploi ru-
ral » aux wilayas de
Relizane et Mosta-
ganem (11,5 millions
USD)*
- Programme
d’aménagement in-
tégré de la steppe
dans les zones les
plus dégradées (32
millions USD)*
- Gérer rationnel-
lement les eaux
d’irrigation - Définir et mettre en œuvre le système tarifaire
- Réaliser un programme de formation et de sensibilisation
à l’intention des personnels techniques et de gestion de
l’ANID (Agence chargée de l’irrigation) et des OPI (Offi-
ces des Périmètres Irrigués) et des agriculteurs privés (1,5
millions USD).
- Reconstituer et
étendre le pa-
trimoine fores-
tier - Examiner l’extension du régime concessionnaire au do-
maine forestier (arboriculture, élevage)
- Introduire la télédétection pour la surveillance des écosys-
tèmes (0,3 million USD).
- Programme de re-
constitution et
d’extension du pa-
trimoine forestier
(notamment la sube-
raie et la cédraie) (12
millions USD)
- Conserver la
biodiversité
- Mettre en place un Centre de Développement des Res-
sources Biologiques (6 millions USD)
- Élaborer une étude sur les ressources de la biodiversité
(oasis, zones de montagne) (0,5 million USD)
- Développer les capacités institutionnelles en biosécurité
(0,5 million USD)
- Élaborer un plan de gestion de la zone humide de la Macta
(3,8 millions USD)
- Création et aména-
gement de trois zo-
nes de développe-
ment durable dans
les Régions Est,
Ouest et Centre du
pays (15 millions
USD)*
- Protéger les
écosystèmes
oasiens
- Réaliser un diagnostic de la situation des foggaras (sys-
tème d’irrigation traditionnel dans les oasis) (1 million
USD). - Lutte contre le phé-
nomène de remontée
des eaux: cas de la
Vallée de M’Zab
(protection contre les
crues et assainisse-
ment des eaux usées)
(13 millions USD)*
RÉSUME
- xxiii - OBJECTIFS
STRATÉGIQUES MESURES INSTITUTIONNELLES ET
D’ACCOMPAGNEMENT INVESTISSEMENTS
B. Conservation et Amélioration de la Productivité du Capital Naturel
- Préservation et res-
tauration de la Vallée
du Gourara (Ksours,
foggaras) (5 millions
USD)
- Protéger le littoral - Promulguer une Loi relative au littoral
- Mettre en place le Conservatoire National du Littoral (1
million USD)
- Elaborer un cadastre de l’occupation du littoral (0,4 mil-
lions USD)
- Renforcer le Centre Opérationnel du Comité National Tel
Bahr de prévention et de lutte contre les pollutions mari-
nes accidentelles (0,4 millions USD).
- Réactiver le projet MEDPOL (réseau de surveillance de la
pollution marine en Méditerranée) (0,6 million USD)
- Élaborer une étude de réactualisation du SNAT (0,4 mil-
lion USD)
- Elaborer une étude d’identification des sites et gîtes de gi-
sements de matériaux de substitution au sable des plages
et d’oueds (0,6 million USD)
- Soumettre les zones d’expansion touristique aux Études
d’Impact sur l’Environnement (0,6 million USD)
- Élaborer une étude sur les potentialités aquacoles (0,8 mil-
lion USD), corallifères et autres substances d’intérêt
commercial (0,8 million USD)
- Programme de
conservation du litto-
ral dans des zones si-
tuées dans les ré-
gions Est, Ouest et
Centre du pays (24
millions USD)*
- Dépollution des pla-
ges : espaces côtiers
de Tizi-Ouzou, Bé-
jaïa et Tipaza (9 mil-
lions USD)
C. Compétitivité et Efficacité Economique
Voir sections A et B - Etudier les implications de l’adhésion de l’Algérie à
l’OMC et à la zone de libre-échange euro-méditerranéenne
(0,2 million USD) - Dragage des ports
(51 millions USD)
D. Environnement Global
- Biodiversité
- Changements
climatiques
- Couche
d’ozone
- Voir section B
- Voir sections A et B
- Réaliser un programme d’éducation et de sensibilisation
pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables
(0,3 million USD)
- Réalisation d’une
partie du programme
Torchères (100 mil-
lions USD)
- Elimination des Subs-
tances Appauvrissant
la couche d’Ozone
(SAO) (10 millions
USD)
(*) Partie du financement prévue dans le plan triennal de relance économique.
(**) Partie du financement prévue dans le Fonds Spécial pour le Développement
des Régions du Sud.
T
OTAUX
Total général Études & Renforcement institutionnel: 52,85 millions USD
Total général Investissements: 919 millions USD
Total Général : 971,85 millions USD
- 24 -
I. Introduction
A. OBJECTIFS
1.01 Trente années après avoir pris
en main l’exploitation et la gestion di-
recte de ses ressources minières et pé-
trolières, vingt ans après l’élaboration
de la loi-cadre pour l’environnement
de 1983, et dix ans après la Conférence
des Nations Unies sur l’Environne-
ment et le Développement (CNUED)
de Rio de Janeiro au Brésil, l’Algérie
continue de faire face à des défis im-
portants. A un système de gestion de
l’économie fortement centralisé et ne
privilégiant pas les critères d’efficacité
économique sont venus s'ajouter les ef-
fets d’une croissance démographique
et d’une urbanisation accélérées, de
l’intensification de l’exploitation des
ressources naturelles et de
l’agriculture, d’une industrialisation
lourde, rapide et insuffisamment maî-
trisée, pour déboucher sur une crise
économique, sociale et environnemen-
tale sans précédent.
1.02 C’est dans le cadre de réfor-
mes fondamentales visant à sortir le
pays de cet état de crise généralisé et à
l’engager résolument dans la voie du
développement durable – en privilé-
giant notamment l’ouverture vers
l’économie de marché et la rationalisa-
tion de l’utilisation des ressources na-turelles et financières –, que s'inscrit le
présent Plan National d’Actions pour
l’Environnement et le Développement
Durable (PNAE-DD) dont l’objectif
principal est de proposer une Stratégie
Nationale de l’Environnement et du
Développement Durable prolongée
d’un choix d’actions prioritaires face
aux enjeux et défis environnementaux
majeurs de l’Algérie – identifiés dans
le premier Rapport National sur l’État
et l’Avenir de l’Environnement (RNE
2000) –, enjeux et défis qui font partie
intégrante du programme du gouver-
nement pour la relance économique et
sociale à court et moyen terme.
1.03 Il est par ailleurs important de
noter que ce premier PNAE-DD algé-
rien intègre les leçons des expériences
faites par d’autres pays dans trois do-
maines particulièrement significatifs.
D’abord, la stratégie préconisée et le
plan d’actions prioritaires – malgré les
limites tenant tant à la disponibilité et à
la qualité de l’information qu’aux mé-
thodes d’évaluations – sont sous-
tendus par une analyse économique ri-
goureuse et l’utilisation de critères
d’efficacité pour guider le choix des
priorités.
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
- 25 - Ensuite, l’accent est mis sur l’ap-
profondissement des réformes de ma-
nière à privilégier le renforcement des
capacités institutionnelles et le recours
aux instruments économiques et fis-
caux par rapport à des investissements
à caractère curatif. Enfin, le processus
de développement du PNAE-DD
s’appuie sur des consultations appro-
fondies de tous les secteurs et de toutes
les parties prenantes, reflétant ainsi des
choix sociaux optimaux.
B. APPROCHE
1.04 L’approche adoptée consiste à
passer en revue les principaux enjeux
et défis que connaît l’Algérie de ma-
nière à mettre en relief les défaillances
institutionnelles (au sens large, c’est-à-
dire incluant les politiques et autres
mesures d’accompagnement) ainsi que
les résultats auxquels ces dernières ont
mené. L’analyse passe en revue les
performances de l’économie et les im-
pacts socio-économiques tels qu’ils se
manifestent sur la santé et la qualité de
vie (des générations actuelles), sur la
conservation et la productivité des res-
sources naturelles (qui conditionnent le
bien être des générations futures), ainsi
que sur l’efficacité et la compétitivité
des différents secteurs de l’économie
(qui conditionnent l’adoption de tech-
nologies nouvelles et la robustesse de
la croissance économique).
1.05 Le programme du gouver-
nement, par ses perspectives de ré-
formes institutionnelles et économi-
ques et l’accent qu’il met sur le déve-
loppement durable, fait partie des élé-
ments sur lesquels le PNAE-DD est
construit, de même que le programme
économique de relance qui, pour la
première fois, de par son contenu à ca-
ractère éminemment social, met
l’action environnementale parmi les domaines à traiter de manière priori-
taire.
1.06 L’étendue et la nature des
impacts environnementaux sont ana-
lysées par secteur environnemental et
par catégorie économique. Le coût
« social » lié aux dommages environ-
nementaux est évalué de manière éco-
nomique pour quatre grands objectifs
de qualité qui sous-tendent la stratégie
environnementale: santé et qualité de
vie; conservation et productivité du
capital naturel; efficacité et compétiti-
vité économiques; environnement glo-
bal.
1.07 La méthodologie qui a permis
de définir le cadre stratégique et de
faire ressortir les priorités d’action re-
pose notamment sur une analyse éco-
nomique permettant d’estimer, d’une
part, le coût « social » des dommages
liés à la dégradation de l’environn-
ement et, d’autre part, le coût de
« remplacement » permettant d’atté-
nuer ce coût social. Le coût des dom-
mages donne une idée des avantages
« perdus » à cause d’un manque d’ac-
tions environnementales. Les coûts de
remplacement, de leur côté, fournis-
sent un aperçu des investissements né-
cessaires pour restaurer (ou maintenir)
un environnent d’une qualité accepta-
ble pour la société.
1.08 En comparant les coûts des
dommages et les coûts de remplace-
ment sous forme de ratios indiquant
l’efficacité relative de différentes me-
sures, il a été possible de guider la pré-
paration de la stratégie environnemen-
tale et des actions prioritaires. Ainsi
résulte le classement suivant par ordre
d’efficacité décroissante: gestion inef-
ficace de l’énergie et des matières
premières, pollution de l’air et de
l’eau, dégradation des sols, des forêts
et de la biodiversité, déchets, et
INTRODUCTION
- 26 - enfin dégradation du littoral et du pa-
trimoine archéologique. Il est très im-
portant de noter que ce classement, re-
posant sur une notion de rentabilité
économique, ne représente qu’un des
critères parmi ceux qui ont été retenus
afin de déterminer les priorités
d’intervention du PNAE-DD. Des cri-
tères d’ordre politique et social ont
aussi été utilisés.
1.09 Le présent rapport est organisé
de la manière suivante : après un pré-
ambule résumant le processus de pré-
paration du PNAEE-DD, un sommaire
et le présent chapitre introductif, le
Chapitre II fait le point sur les enjeux
et défis auxquels est confrontée
l’Algérie, notamment en ce qui
concerne la performance des institu-
tions environnementales et l’impact
sur la qualité de vie des citoyens, le
capital naturel et la performance de
l’économie. Le Chapitre III présente
une analyse détaillée de l’étendue des
problèmes environnementaux, en fai-sant ressortir les facteurs liés aux ca-
rences institutionnelles des politiques
et programmes du passé. Le Chapitre
IV présente les fondements et résultats
de l’analyse économique qui sous-tend
l’ensemble du PNA-DD; ce chapitre
est complété par une annexe détaillée
sur la méthodologie économique et les
principales hypothèses de travail utili-
sées. Le Chapitre V fournit le cadre
stratégique sous-tendu par quatre ob-
jectifs de qualité: amélioration de la
santé et de la qualité de vie des ci-
toyens; conservation et amélioration de
la productivité du capital naturel, amé-
lioration de l’efficacité de l’utilisation
des ressources et de la compétitivité,
enfin, amélioration de la protection de
l’environnement régional et global. Le
Chapitre VI présente le plan d’actions
prioritaires et une discussion de son
calendrier et de son financement. En-
fin, le Chapitre VII (Conclusions) fait
office de synthèse globale.
- 27 -
II. ENJEUX ET DÉFIS
A. TROIS DECENNIES DE
DEVELOPPEMENT
ÉCONOMIQUE ET
SOCIAL (1970-2000)
2.01 Pour bien mesurer l’ampleur
des problèmes écologiques en Algérie
et pouvoir proposer des solutions à la
fois efficaces et pérennes, il est impor-
tant, par delà les prédispositions du ter-
ritoire et les facteurs de vulnérabilité
des ressources naturelles (eaux,
sols,…), de placer la problématique
environnementale dans le contexte gé-
néral du modèle de développement
économique et social suivi par le pays,
dont on peut distinguer trois phases
importantes: un développement éco-
nomique fondé sur une planification
centralisée, des faiblesses qui apparais-
sent dès 1986 et les réformes écono-
miques entreprises à partir de 1990.
2.02 Le présent chapitre analyse les
résultats du modèle de développement
économique et social suivi durant les
trois dernières décennies en termes de
performance des politiques et pro-
grammes, des institutions, et de la poli-
tique budgétaire et fiscale. Ceci permet
de dresser un tableau à l’échelle ma-
cro-économique des grands enjeux
pour le futur et des défis qui en décou-
lent tout en servant de toile de fond à
des analyses sectorielles plus détaillées sur les plans physique (objet du Chapi-
tre III) et économique (objet du Chapi-
tre IV).
a. Un développement
économique fondé sur une
planification centralisée
(1970-1985)
2.03 Une planification centralisée.
Au cours des années qui ont suivi
l’indépendance de 1962, l’Algérie a
opté pour un modèle de développe-
ment économique reposant sur une
planification centralisée et un vaste
programme de développement indus-
trie
Entreprise(s) concernée(s) :
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mardi 23 mars 2021